Capoeira
L'histoire de la Capoeira... n'est pas connue dans son intégralité.
Est-elle strictement africaine? Est-elle née au Brésil? Le débat est lancé et alimenté depuis des générations par les chercheurs et intellectuels…
Il existe plusieurs versions sur l'origine de la capoeira. En effet, en 1890, deux ans après l'abolition de l'esclavage au Brésil, la plupart des archives concernant l'arrivée des esclaves africains furent brûlés par le ministre Ruy Barbosa, qui croyait ainsi pouvoir effacer « une tâche noire dans l'histoire du pays ». Ainsi, il est très difficile de déterminer l'origine exacte de la capoeira mais elle serait apparue entre le XVIe et le XVIIIe siècle au Brésil (le premier document connu remonte à 1789, à Rio de Janeiro).
Cependant son origine est indubitablement liée à la déportation du peuple africain vers le Brésil qui commence vers 1537.
Mais c'est à partir de 1550 que des portugais transportent au Brésil des africains réduits à l'esclavage afin d'exploiter les richesses du pays ( bois, or, café...) Ces travailleurs captifs traités pire que du bétail, fouéttés, torturés, sans droits, sont tués à la tâche. Les hommes, femmes et enfants qui arrivent survivent en moyenne moins de dix ans. C'est sans compté ceux qui tombent malades et meurent lors des traversés maritimes à bords des navires négriers.
Il est estimé à plus de deux millions d’esclaves ceux qui furent amenés au Brésil, au Port de Bahia, en provenance de l’Afrique. Les esclaves devaient travailler dans les plantations où le sucre, café , cacao et le tabac étaient les principales cultures et où la demande de main-d’œuvre était la plus importante.
Ces Africains captifs ont créé la première forme de Capoeira pour augmenter leur chance de liberté et d’indépendance. Avec comme prétextes la danse et les rassemblements religieux, ils pratiquaient des techniques de combat. C’est ainsi que la Capoeira est devenue une forme d’art à travers laquelle un grand nombre se sont libérés.
Durant cette même période, les africains amenés comme esclaves ailleurs, créent des formes de résistance et de lutte propre, comme le Ladja, ou Danmyé en Martinique, Padjanbèl, Mayolè et Sovévayan en Guadeloupe, le Mani à Cuba, Susa au Suriname ou encore le Moringue à la Réunion.
À « Pernambuco » (un état du Brésil où la canne à sucre était abondante), un groupe de 40 esclaves ont utilisé la Capoeira pour se rebeller contre leur maître et ont brûlé la résidence principale de la plantation. Ainsi libérés, ils se dirigèrent vers les montagnes. Finalement, ils atteignirent ce qu’ils pensaient être un endroit sûr, qu’ils nommèrent « Palmarès », dû à l’abondance de palmiers. Dans ces montagnes, une communauté africaine est alors née, elle dura près d’un siècle et grandira jusqu'à une population de plus de 20 000 habitants grâce notamment à un homme ZUMBI et une femme DANDARA. Ces esclaves provenaient de différentes régions d’Afrique, et donc de différentes cultures, des tribus qui, au départ étaient quelques fois ennemies et qui s’unissaient dans les terres brésiliennes pour un même objectif.
Après l’abolition de l’esclavage en 1888, les planteurs n'avaient plus d'intérêt pour les anciens esclaves en tant que force de travail. La plupart d'entre eux sont donc entrés dans les villes et ont formés ce qu’on appelle des bidonvilles (favelas). Étant donné que les emplois se faisaient rares, plusieurs ex-esclaves sont devenus criminels et utilisaient leur savoir-faire de Capoeira sur leurs victimes. On parlera à cette époque de la malandragem. Ainsi, un code pénal plutôt rigide et strict fut initié, stipulant que toutes personnes reconnues comme étant « capoeirista » (personne pratiquant cet art) devait être banni par de l'emprisonnement, des coups de fouets et autres sévices physiques.
Une loi, qui interdisait la pratique de la capoeira fut en vigueur jusqu’en 1920. Les capoeiristes qui faisaient alors leur possible pour garder leurs traditions en vie, présentaient leurs entrainements sous forme de danse folklorique. Sous cet angle, la Capoeira fut mieux acceptée par la société.
Dans ces années là, il était fréquent pour les capoeiristes d’avoir un ou plusieurs surnoms. Ainsi, la police avait beaucoup plus de difficulté à les arrêter, puisqu’ils ignoraient leurs vrais noms. Cette tradition a perduré et est encore pratiquée dans les écoles actuelles de Capoeira. Lorsqu’une personne est baptisée on lui donne un surnom (apelido) s’inspirant soit de sa personnalité, d’un trait physique, de son style de jeu ou encore d’une anecdote.
MESTRE BIMBA ET MESTRE PASTINHA
Mestre Bimba (1899-1974) de son vrai nom Manoel Dos Reis Machado un des maîtres les plus renommés de la Capoeira dans l’état de Bahia au Brésil reçoit en 1937 une invitation du Président brésilien G. Vargas, afin de démontrer son art dans la capitale. Après une performance réussie, il retourne dans son Etat et avec la permission du gouvernement, ouvre la première académie de Capoeira au Brésil (Centro de cultura fisica e capoeira regional da Bahia). C’était la première étape vers un développement plus ouvert. Quelques années plus tard, le Sénat adopte un projet de loi établissant la Capoeira comme sport national brésilien. Mestre Bimba créa là un style particulier avec un de ses élèves Cisnando. Plus objectif et rajoutant des mouvements issus d'arts martiaux étrangers et surtout des techniques issues du batuque, lutte pratiquée par les marins au port de Salvador, aujourd'hui peu pratiquée dont le but était de déséquilibrer son adversaire et dont sont père était champion. Il voulait ainsi montrer que la capoeira pouvait être une forme de combat efficace. A ce titre il défiera tous les meilleurs champions des autres arts martiaux de sa région de l'époque. Après être monté sur le ring à plusieurs reprises et en remportant toutes ses confrontations, il donna à la capoeira une vraie légitimité en tant que discipline de combat. Capoeiriste exceptionnel, révolutionna déjà la capoeira par les toques au berimbau, l'enseignement, la pratique quotidienne, les graduation (lenço de seda), et bien d'autres choses qui perdurent largement dans le monde actuellement après son initiative.Mestre Pastinha (1889-1981), de son vrai nom Vicente Ferreira Pastinha, est un grand maître de la capoeira. Au début des années 1930, il a donné ses lettres de noblesse à cet art véhiculé depuis des décennies avant lui par les anciens esclaves africains. Il a créé la première école de capoeira Angola tout en établissant une méthode d'enseignement qui était basée sur les anciennes traditions. Il a aussi écrit le premier livre sur le sujet, où il expose sa propre conception philosophique de la capoeira. C'est Mestre Pastinha qui a institutionnalisé les couleurs pour les vêtements des capoeiristes à l'origine du maillot de l'équipe de football préférée du maître (Ypiranga). Il a constitué l'orchestre (la bateria) traditionnelle qui accompagne cet art : trois berimbaus, deux pandeiros, un atabaque, un reco-reco, un agogo. Il a aussi formé de grands capoeiristas angoleiros comme Mestre João Grande, Mestre João Pequeno.A une époque ou la capoeira était fragilisé par la politique et la société, ces deux hommes devenus entités dans la Capoeira, ont contribué à la sauvegarde et la reconnaissance de cet Art au Brésil et dans le monde par la suite. Leurs contributions pour cet art est incommensurable tant leur démarche était remarquable. A l'heure actuelle, la capoeira est pratiquée dans le monde entier par des femmes, des hommes et des enfants. ----------La Capoeira Contemporaine - A l'heure actuelle et depuis les années soixante nous percevons principalement une capoeira qui découle directement de ces deux matrices précédentes. La tendance plus qu'affirmer est celle de la capoeira contemporaine (Capoeira contemporânea). Initié par des groupes comme Senzala, Cordão de Ouro et de nombreux autres qui sont arrivés après. Ces derniers ne se sont pas enfermés dans un style, mais préféraient la liberté de pratiquer un style qui mélangait les deux et plus encore. "Plus encore" car le style une fois qu'il a fusionné, il amène d'autres mouvements tel que les acrobaties, un enseignement différent, des rencontres de capoeira (festivals, stages...) d'une autre ampleur (internationale), une autre conception du groupe de capoeira, les graduations (cordes)... Ils se sont donc inspirés des mouvements, techniques, jeux, rituels, fondements... de la capoeira Angola et Regional pour faire la capoeira contemporaine que d'autres appellent la "capoeira do berimbau" c'est à dire celle où joue le capoeiriste quelque soit le rythme du berimbau proposé. Les Mestres d'Angola et Regional disaient avec subtilité pour un peu différencier les styles que cette capoeira a "des fondements mais pas de maître" ("Ela tem fundamentos mas nao tem Mestre).
Et c'est directement dans cette filiation de la capoeira contemporaine que l'école capoeira racines et vibrations s'insère? tente de valoriser la capoeira par un savoir faire enseignant, l'apport d'un bagage technique riche, une ouverture au monde par des échanges et enfin par la diffusion des valeurs de l'art.Dès lors on peut affirmer que chacun des styles amène sa pierre à l'édifice dans laquelle chaque capoeiriste s'y retrouve. Chaque style amène une mouvance particulière à l'art, que l'on peut reconnaitre dès la bateria, le style vestimentaire ou encore le jeu du capoeiriste dans la roda.Certains Mestres affirment que la capoeira contemporaine n'est qu'une évolution quasi logique des deux premières et non pas une mouvement à part. La techniques, les mouvements ou l'identité de la capoeira, afin de subsister, n'ont fait que s'adapter et évoluer dans des espaces différents qui ont grandit avec elle.
L'origine du mot capoeira:
* Il faut attendre 1712 pour que Rafael Bluteau inscrive pour la première fois le vocable Capoeira, dans "Vocabulário Português e Latino", mais sans que le terme fasse référence à une lutte.*Vient de l'indien Tupi Guarani littéralement--> kaapuera ou kaapoera : KAA signifie herbe, forêt et PUERA ou POERA signifie fin, léger, qui a été coupé. Une clairière, un lieu dans la forêt où l'herbe était rase. Peut être aussi l'endroit où l'on pouvait pratiquer la capoeira.*Les portugais nommaient capoeira tous les animaux sauvages, mais aussi les paniers tréssés de bois fins (poulaillers) utilisés pour transporter la volaille dans les embarcations maritimes.
* K. Kia Bunseki Fu-Kiau un éducateur et lecteur, spécialiste du monde Bantu-Kongo, propose de son côté que "Capoeira" serait un dérivé du mot Kikongo kipura, un terme utilisé pour décrire les mouvements d'un coq durant un combat et signifie aussi flotter, voler d'un endroit à un autre lors d'un combat.----- ... L'histoire complexe de la capoeira ne peut être racontée dans ces quelques lignes...
Il est judicieux de se rapprocher d'un enseignant compétent pour vous en dire plus sur l'art de la capoeira et ses rouages. Toutefois, dans les rodas de capoeira en fonction du rythme joué par le son des instruments, l’art du capoeiriste est de savoir défendre en attaquant, d’esquiver et d'attaquer avec malice, de surprendre et feinter le partenaire / l'adversaire, de savoir communiquer avec lui, soit pour continuer le jeu ou pour le rompre ! Etant donné ses racines, la capoeira ne peut pas se réduire qu'à un art martial ou un sport. C'est aussi un art de vivre, une véritable philosophie. Elle possède un poids culturel fort qu'elle véhicule à travers ses instruments et ses chants.
QUELQUES OUVRAGES POUVANT ETENDRE UN PEU VOTRE SOIF DE SAVOIR: